And so you see… *

Du 13/02 au 14/02/2018 Salle de l’Œil vert

Robyn Orlin - Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza {Berlin / Johannesburg}

Native d’Afrique du Sud, Robyn Orlin y est surnommée « l’irritation permanente ». Son engagement politique, sociétal, idéologique et identitaire a poussé la chorégraphe blanche à mettre en scène Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza, jeune performer sud-africain. À la fois danseur, homosexuel, chrétien et sangoma (guérisseur), il cristallise les questions que Robyn Orlin adresse à la société post-apartheid. L’artiste, au corps imposant sans cesse filmé, explore les sept péchés capitaux sur fond de Requiem Lacrimosa de Mozart. Alternant provocation, émotion, chant et drôlerie en interaction avec le public, son solo est peuplé de multiples présences qui déverrouillent le carcan du conservatisme, tout en dévoilant la violence d’une société tiraillée par ses paradoxes. Deux figures indisciplinées de la création sud-africaine déroulent le cheminement d’un individu qui aspire à sa juste place.    

 

LA CHORÉGRAPHE

Née en 1955 à Johannesburg, ROBYN ORLIN a suivi les cours à la London School of Contemporary Dance de 1975 à 1980, puis ceux de la School of the Art Institute of Chicago de 1990 à 1995, où elle obtient un master. Elle a présenté sa première performance à Johannesburg en 1980. Surnommée en Afrique du Sud “l’irritation permanente ”, elle relève, à travers son œuvre, la réalité difficile et complexe de son pays. Elle y intègre diverses expressions artistiques (texte, vidéo, arts plastiques…), afin d’explorer une certaine théâtralité qui se reflète dans son vocabulaire chorégraphique. En 2008, Dressed to kill… killed to dress … pour des Swenkas sud-africains, a été créée au Festival Dance Umbrella de Johannesburg et a été présenté en tournée européenne (Festival Pays de Danses). Walking next to our shoes… intoxicated by strawberries and cream, we enter continents without knocking… met en scène les chanteurs de la chorale Phuphuma Love Minus et a été créée en février 2009 au festival Dance Umbrella de Johannesburg. En 1999, elle a obtenu le troisième prix aux Rencontres chorégraphiques de l’Afrique, et en 2000 le prix Jan Fabre de l’œuvre la plus subversive aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Robyn Orlin a été nommée Chevalier dans l’Ordre National du Mérite le 28 février 2009 par Denis Pietton, Ambassadeur de France à Johannesburg.

 

ALBERT SILINDOKUHLE IBOKWE KHOZA

Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza se produit en public depuis l’âge de 10 ans en jouant dans de nombreuses pièces de théâtre scolaires et en participant à des publicités. En 2005, il rejoint le théâtre de Hillbrow, sous la direction de Michael Linda Mkhwanazi et de Gerard Bester, avec lequel il représente son lycée au festival d’art dramatique de la ville. Grâce au soutien et à l’encadrement de Michael, son groupe d’élèves remporte de nombreux prix avec des pièces comme Flat 309, Umama uyangichaza, avec lesquelles il gagne le prix de meilleur acteur (2005), meilleur second rôle et meilleur personnage (2006), meilleur groupe de théâtre (2007), meilleur caméo (2008). Poussé par sa passion et son amour des arts, il décide de s’y adonner sérieusement en préparant une licence d’art dramatique avec options musique et danse à l’Université de Witwatersrand. Albert participe également à de nombreuses productions avec des metteurs en scène tels que Gys De Villiers, Warona Seane, Kabi Thulo, Tsepo Wamamatu, Gerard Bester et Tarryn Lee. Lors de ses études à l’Université de Witwatersrand, il s’oppose aux règles de l’institution en refusant par exemple de lire et de se référer aux ouvrages sur la danse chargés d’eurocentrisme. Il tire son inspiration de créateurs africains comme Robyn Orlin, Athena Mazarakis, Mandla Mbothwe, Gregory Maqhoma, Gerard Bester et Nhlanhla Mahlangu. Albert pense que le théâtre et la danse, et l’art en général, sont des armes de mémoire, de combat, de sensibilisation et de changement. Il continue à travailler dur et à créer des œuvres chaleureusement accueillies par tous les publics. Il crée en 2012, Influences of a Closet Chant, présentée à la Ferme du Buisson à Noisiel en septembre 2013 et au Fundamental Monodrama Festival à Luxembourg en juin 2014 et à Montpellier Danse festival (Domaines) au CCN Montpellier Languedoc-Roussillon en décembre 2014.

 

LA PRESSE EN PARLE

En Albert Ibokwe Khoza, seul au plateau pour une heure de solo-show sidérant, [Robyn Orlin] semble avoir trouvé un fils spirituel, capable de digérer la complexité des relations Nord-Sud qui innervent son corpus. Sur scène, on découvre ce guérisseur traditionnel, performeur king size, créature transgenre, enrubanné dans des couches de cellophane façon rite mortuaire, d’où il semble éclore tel un papillon venu d’une époque antédiluvienne… À moins qu’il ne s’agisse d’une marchandise emballée ? Quoi qu’il en soit, cet ogre libidineux, cupide, grotesque et emplumé semble inventer en live une sorte de version pop africaine des Sept Péchés capitaux de Jérôme Bosch. Avec scène de luxure sur fond de Lacrimosa de Mozart, ingurgitation d’oranges avec la peau filmée en gros plan sous tous les angles par un attirail de caméras, séance de twerk colérique devant un gif agrandi de Vladimir Poutine en smoking.

Il est clair que Robyn Orlin sait recevoir. And So You See… est un requiem pour une Afrique du Sud en désintégration, tiraillée entre consumérisme et poids des traditions. C’est aussi un manifeste épicurien et une invitation au morphisme incessant : est-ce une femme, un homme, un insecte, une version africaine du Protée grec, une déesse queer narcissique et bitchy, qui malmène son public (des spectateurs malchanceux sont chargés de laver Kohza) ?

Eve Beauvallet, Libération (NEXT) juillet 2016

  • * And so you see… our honourable blue sky and ever enduring sun… can only be consumed slice by slice…

 

Chorégraphe Robyn Orlin

Interprétation Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza

Costumes Marianne Fassler

Lumière Laïs Foulc

Régie générale Thabo Pule

Administration et production Damien Valette

Assistance et coordination Marion Paul

Production City Theater & Dance Group, Damien Valette Prod

Remerciements à Philippe Lainé pour l’utilisation d’images et à l’équipe de Léopard Frock

Coproduction City Theater & Dance Group, Festival Montpellier Danse 2016, Festival d’Automne à Paris, Kinneksbond, Centre Culturel Mamer / Luxembourg, Centre Dramatique National de Haute Normandie, la Ferme du Buisson, scène Nationale de Marne-la-Vallée

Avec le soutien d’Arcadi Ile-de-France