En hommage à Jean Vilar, le mythique « Prince de Hombourg », monté en 1951 par le fondateur du festival d’Avignon avec Gérard Philipe et Jeanne Moreau, ouvre l’édition 2014 dans la Cour d’honneur. Le Théâtre de Liège n’est pas peu fier de cette coproduction dont les costumes sont créés par les talentueuses et minutieuses couturières de ses ateliers. Une distribution flamboyante, sous la baguette du formidable metteur en scène Giorgio Barberio Corsetti, interprète l’histoire de ce jeune Prince surpris, à l’aube d’une importante bataille, en pleine crise de somnambulisme. L’esprit encore embué, il transgresse le plan d’actions, lance l’assaut et remporte la victoire. Son oncle, chef de l’État et de l’armée, souhaite que son indiscipline soit punie de façon exemplaire. La cour martiale se prononce pour l’exécution. Raison des sentiments contre raison d’État, obéissance ou aliénation à la loi, liberté d’un sujet ou d’un individu : cette ultime pièce de Kleist continue d’interroger les conflits de l’âme comme les règles de notre société. Malgré les thématiques épineuses qu’il brasse, ce spectacle épouse à merveille les mots de Jean Anouilh : « C’est un chef-d’œuvre solaire ».