La princesse Léontine tombe sous le charme du jeune Agis qui lui est a priori hostile en tous points. Pour le conquérir, elle met en place une véritable machinerie de guerre, un stratagème extravagant et implacable où le travestissement règne en maître. La rusée fait céder un à un les barrages qui la séparent de son but, usant de vérités masquées et d’identités falsifiées pour que les sentiments amoureux mènent le bal face à la raison. Dans cette folle intrigue, Marivaux – plus fantasque que jamais – décortique quasi mathématiquement les flamboiements du cœur. La mécanique humaine se prévoyait déjà complexe, mais c’était sans compter sur la lecture malicieuse de Galin Stoev qui injecte une modernité radicale dans cette matière première classique. En effet, sa distribution est exclusivement masculine, dames et suivantes s’y plieront pour notre plus grande joie. De quoi pousser à l’extrême le plaisir du déguisement, déplaçant encore d’un cran l’ambivalence des sexes. Il fait ainsi voler en éclats les frontières des genres, déclinant le burlesque des étiquettes qui se combinent, et le bien joli trouble qu’ils/elles suscitent prend tout son sens. Une audace qui fait mouche.