Jean-Marie Piemme, armé de son cinglant et savoureux stylo, s’est penché cette fois sur l’arrogance, semblant incorrigible autant qu’innée, chez les nantis. Dans un ton farcesque, il nous raconte l’histoire d’un milliardaire français désireux d’endosser la nationalité belge pour cause de paradis fiscal. Il ouvre grand les battants donnant sur l’intimité des marchands du monde, ceux dont le chiffre d’affaire oriente le destin des nations et détermine le sort des peuples. Empli de jubilation corrosive, le formidable comédien Fabrice Schillaci s’en donne à cœur joie, oscillant de l’émotion au ridicule, du salopard à l’homme bateau. Il épice le jeu de sa délectation d’incarner un puissant enclos dans ses ambitions, débusqué dans sa suffisance et décontenancé par une panne de voiture inopinée en rase campagne. Prêt, pour la bonne cause, à apprendre à danser en sabots comme nos Gilles et à déclamer, sanglots en bandoulière, Le Plat Pays du grand Jacques, il ne parvient cependant pas à acheter, contrairement à tout le reste, sa naturalisation belge. Un spectacle exutoire comme le franc lancer d’une tarte crémeuse à souhait à la barbe des oligarques de ce monde.

Un auteur à l’honneur Jean-Marie Piemme.

Un projet porté par le Théâtre de Liège, la Cité Miroir Sauvenière, l’ESACT et l’ULg