C’est avec espièglerie ludique que David Strosberg met en scène ce spectacle carambolant entre petites obsessions et grandes névroses, lubies et déviances, tics et tocs. Plongés dans l’intimité de la famille frapadingue de Pierre, nous assistons aux démêlés de sa tribu issue de la classe moyenne, se dépatouillant tant bien que mal vu le manque profond de communication avec ce et ceux qui les entourent. Philtre d’amour à base de cheveux féminins, inondation et incendie, couverture vivante, appareils ménagers sexuels, droits d’auteur pour musiques d’ascenseurs, phobie des tremblements de terre, fabrication de bulles à la bière, l’auteur tchèque Petr Zelenka enfile dans un rythme effréné les situations déjantées. Cette faune de personnages, servie par une distribution grandiose, est mise à nu sans pudeur et nous dévoile la médiocrité ordinaire, tout en questionnant le ténu et fragile intervalle entre la normalité loufoque et l’aliénation déclarée. Cet album de solitude en famille compose un petit bijou drolatique de décalages gigognes, laissant au final dans le cœur un goût amèrement touchant.