Cabaret du bout de la nuit

À la suite d’Alpenstock, la délirante farce de la saison dernière, les très prolifiques et talentueux Axel De Booseré et Maggy Jacot nous reviennent avec bonheur. Ils nous concoctent cette fois un formidable cabaret évoquant la Belle Epoque et son corolaire, la Grande Guerre. Si l’univers musical s’empare d’une place de choix dans le spectacle, ce music-hall singulier flirte avec le théâtre aux accents tantôt tragiques, tantôt clownesques, tantôt teintés d’hystérie suite aux travaux de Charcot. Sous la direction musicale de Marc Hérouet, homme-radio, clown Chocolat, chanteur raciste, mendiant, bonne et orpheline nous immergent dans une période de l’histoire où étaient permis le travail des enfants, le jugement péremptoire des prostituées, celui dégradant des étrangers, le sexisme à l’égard des femmes et des homosexuels, l’asservissement et l’exploitation, le tout baignant dans un nationalisme exacerbé. Comme le faisaient à l’époque les chanteurs populaires des cafés-concerts, acteurs et musiciens tenteront de balayer ces traumatismes en portant aux nues, dans leurs chansons, l’honneur de la patrie et le courage du soldat, l’amour passionnel et l’humour simple. On se réjouit!