Conversations avec ma mère

Jaime, père de famille dans la cinquantaine, téléphone davantage à sa mère, pétillante octogénaire, qu’il ne vient lui rendre visite. Pourtant, ce soir-là, il se déplace en personne pour lui annoncer une bien fâcheuse nouvelle : la crise économique a frappé, il a été licencié et doit vendre l’appartement où elle vit. Avec une autorité tranquille, une espiègle sagesse et un goût têtu de la liberté, elle va tout bonnement refuser. Au fil de leur tête-à-tête d’une honnêteté bouleversante, Jaime dévoile peu à peu le territoire de son désarroi et c’est dans un bain de chaleur humaine, qui fera flageoler le cœur le plus rugueux, que le duo atteint une reconnaissance mutuelle et définitive. Jacqueline Bir et Alain Leempoel défendent cette magnifique partition du bout de leur être, avec un sens aiguisé du jeu pour exprimer ce feuilleté intime. Sous la conduite minutieuse de Pietro Pizzuti, metteur en scène de ce spectacle adapté d’un film argentin de Santiago Carlos Ovés, ils portent par une tendre complicité ce dialogue engagé d’où ruissellent humour et émoi. Est-ce que Freud aurait réussi sans les mères ? Ce n’est pas ce soir-là que nous en douterons.

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