Via Kanana

Du 26/01 au 27/01/2018 Salle de la Grande Main

Grégory Maqoma / Via Katlehong

Le spectacle d’ouverture du festival propose l’éclatante alliance entre le chorégraphe johannesbourgeois Gregory Maqoma, considéré comme l’un des plus talentueux de sa génération, et la fameuse Via Katlehong Dance Company, qui tire son nom d’un township situé dans l’un des quartiers déshérités où est née la culture de rébellion sud-africaine. Ensemble, ils remontent aux origines de la pantsula, cette street dance populaire, contestataire et virtuose par sa rapidité. Sur des chants et une musique endiablée, les huit danseurs reproduisent les gestes du quotidien anti-apartheid qui ont permis à toute une population de se soulever. Via Kanana (la terre promise, qu’on n’a pas eue) brave la peur, dépasse les rêves brisés dans une fresque survitaminée qui exhale lumière et espoir.

 

Première belge

 

LE CHORÉGRAPHE

Né à Johannesburg en 1973, le danseur, chorégraphe et pédagogue GREGORY MAQOMA intègre la compagnie Moving into Dance, créée par Sylvia Glasser. En 1998, il reçoit une bourse pour créer Layers of Time, son dernier travail au sein de Moving into Dance. En 1999, il fonde le Vuyani Dance Theatre pendant qu’il étudie à P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training School), en Belgique.

Gregory Maqoma crée la pièce Rhythm 1.2.3 pour laquelle il est élu chorégraphe de l’année 2000 par le Festival Dance Umbrella de Johannesburg. La même année, il chorégraphie Rhythm Blues, collabore avec Faustin Linyekula pour le projet Tales of the Mud Wall présenté au festival Impuls-Tanz à Vienne et participe au projet New directions pour le standard Bank national arts Festival. Au Centre national de la danse à Pantin, il présente Southern Comfort en 2002, Miss Thandi en 2003 et Beautiful en 2005, premier volet d’une trilogie, que conclut Beautiful Me. On a également pu voir Gregory Maqoma dans l’éblouissant Variations for vibes, strings & pianos, chorégraphié par Akram Khan, à l’occasion du 70e anniversaire du compositeur américain Steve Reich en 2006 à la cité de la musique avec le London Sinfonietta.

Les pièces de Gregory Maqoma sont programmées en Afrique, en Europe, aux États-Unis et en Amérique du sud. Il est directeur artistique associé de l’édition 2010 du FNB Dance Umbrella Festival et sa collaboration avec James Ngcobo démarre en 2008 avec The Lion and the Jewel et The Hill de Zakes Mda. Elle se poursuit en 2009 avec Crazy for Jazz et Thirst. Au cours de la même année, il est également sélectionné en tant que chorégraphe officiel du sommet mondial des arts et de la culture où il présente 3 Colours avec Brett Bailey. En 2010, dans le cadre du Hugh Masekela project, Gregory Maqoma crée Songs of Migration, une production du Market Theatre. En juin 2010, il chorégraphie le concert d’ouverture de la coupe du Monde de football, à Johannesburg, sa ville natale. Exit / Exist est créé en 2011 en collaboration avec le créateur de mode David Tlale, le compositeur Simphiwe Dana, les 4 chanteurs de Complete Quartet et le metteur en scène de théâtre James Ngcobo.

Le Théâtre de la Ville assure la production, la tournée de Southern Bound Comfort, spectacle qui réunit deux duos chorégraphiés, l’un par Gregory Maqoma, l’autre par Sidi Larbi Cherkaoui en juin 2011 au Théâtre des abbesses puis de Exit / Exist. En 2012 il fait partie avec James Agcobo de l’équipe artistique choisie pour les célébrations du centenaire du Congrès National Africain (ANC). Il reçoit en 2012 le prix Tunkie for Leadership in Dance qui récompense chaque année un artiste qui œuvre pour la promotion de la danse en Afrique du sud.

 

LA COMPAGNIE

Créée en 1992, la compagnie VIA KATLEHONG DANCE, menée par Buru Mohlabane, Vusi Mdoyi et Steven Faleni, tire son nom du township de Katlehong dans l’EastRand, un de ces quartiers déshérités où est née la culture contestataire pantsula. Nourrie d’une forte identité communautaire, Via Katlehong Dance poursuit une mission éducative, culturelle et sociale à l’attention des jeunes d’Afrique du Sud. La compagnie a été plusieurs fois récompensée par des prix internationaux (FNB Vita Dance Umbrella, Gauteng Dance Showcase, KTV Most Brilliant Achievement, Gauteng MEC Development Award, etc.) pour ses créations mélangeant de façon inédite les traditions pantsula et d’autres danses communautaires d’Afrique du Sud, comme le gumboot et le steps. Dans tous ses spectacles, la compagnie Via Katlehong Dance défend la culture pantsula dont elle est issue. Dans les années 60-70, sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, les populations rurales noires sont déplacées vers les grandes villes et regroupées dans les townships. C’est dans ces ghettos, où règnent chômage et criminalité, que va naître la culture pantsula, à laquelle s’identifie toute la jeunesse des townships. Comme le hip hop aux États-Unis et en Europe, la culture pantsula est un style de vie, recouvrant mode, musique, danse, codes gestuels et parler. Et comme le hip hop, elle trouve son terrain d’expression dans la rue. Dans les années 1990, alors qu’une Afrique du Sud multiraciale se met lentement en place, la compagnie Via Katlehong Dance poursuit le combat protestataire en faveur des jeunes des quartiers pauvres à travers ses spectacles et performances qui combinent la danse pantsula, sorte de hip hop non acrobatique mais virtuose par sa rapidité, la tap dance (claquettes percussives avec des chaussures ferrées), le step (claquettes proches du time step américain) et le gumboot, une danse de mineurs à base de frappes des mains sur les cuisses et les mollets. Ces danses sont exécutées ensemble dans une énergie et un rythme communs. En criant, en sifflant, en frappant des pieds et des mains, l’assistance participe à cette fête bourrée de dynamisme et de fureur de vivre.

 

LA PRESSE EN PARLE

Avec Via Kanana, un ballet divertissant mais politiquement très engagé, la troupe sud-africaine Via Katlehong nous fait découvrir l’équivalent de notre hip-hop : la Pantsula.

En Europe et aux États-Unis, nous avons le hip-hop. En Afrique du Sud ils ont la Pantsula. Si le hip-hop est né dans le Bronx, la pantsula s’est inventée au cours des années 1960 dans les townships, ces ghettos créés du temps de l’apartheid où l’on cantonnait les Noirs. Au fil des années, cette danse est devenue une culture à part entière et sa gestuelle, très particulière, une référence populaire. Ses suites de pas exécutées de manière très véloce, la dextérité exceptionnelle qu’elle requiert ont fini par acquérir leurs lettres de noblesse et à l’imposer sur les scènes officielles. Ainsi, vous pourrez la découvrir avec le spectacle Via Kanana, créé à la Maison de la danse de Lyon avant une longue tournée.

Là, on est à la jonction de deux mondes de la danse. Celle, contemporaine, du chorégraphe Gregory Maqoma et celle des townships avec la troupe Via Katlehong Dance. Ce mélange semble couler de source tant la symbiose est réussie. Le résultat est très surprenant et esthétiquement très excitant, car l’ensemble est superbement dansé. On est à la fois dans la délicatesse et dans la prouesse physique. Le tout doublé d’un propos qui, sans en avoir l’air, est politiquement très fort. La troupe de danseurs a en effet une forte identité communautaire, indispensable pour durer depuis sa création en 1992 et dont elle a fait sa signature, et plus encore, un manifeste anticonformiste. Gregory Maqoma est un oiseau libre qui prône l’humain, son devenir, sa réalisation, son épanouissement dans un pays pourtant nourri à l’intolérance. Les danseurs avec leurs chemises aux couleurs bariolées s’exécutent devant un fond de scène qui projette leurs ombres vives et démesurées. L’effet est saisissant. Au fil du spectacle, des vidéos très esthétiques soulignent le propos de la chorégraphie. Ainsi, cette ligne de chemin de fer rectiligne rappelle le temps passé par les Noirs dans le train pour sortir de leur township et aller vers la ville. Il se dégage de ce spectacle une énergie formidable dont l’humour n’est pas absent, comme le prouve le duo de ce danseur… avec son chapeau

François Delétraz, La Pantsula, Le hip-hop d’Afrique du Sud, Le Figaro, novembre 2017

Chorégraphe Gregory Maqoma

Danseurs Tshepo Nchabeleng, Tshepo Mohlabane, Thato Qofela, Abel Vilakazi, Teboho

Molelekeng, Andile Nhlapo, Lenela Lenallo, Julia Burnham

Lumière et images Olivier Hauser et Jurgen Meekel

Régie générale David Hlatshwayo

Assistant du chorégraphe Buru Mohlabane

Production en Afrique du sud Steven Faleni

Administration et production en France Damien Valette

Assistance et coordination en France Joséphine Pannier Léonard

Coproduction Via Katlehong Dance, Maison de la Danse de Lyon, La Villette / Paris, Châteauvallon / Scène nationale

Remerciements à The Centre for the Less Good Idea, un espace incubateur pour les arts à Maboneng, Johannesburg, fondé par William Kentridge

 

Dans le cadre de Tour de Dance, en partenariat avec Charleroi danse qui présente le spectacle le 9/02/2018.