Blackbird

Plébiscité lors du dernier Festival Émulation (prix du jury international), ce huis-clos imprévisible met en scène un face-à-face entre Una et Alex. Le lieu de leurs singulières retrouvailles est un hangar froid et hors du temps. Le trouble habite chacun de leurs gestes, de leurs mots.

Quinze ans après les faits, Una retrouve l’homme avec qui elle a vécu sa première histoire. Ils ressassent les souvenirs d’une relation qui échappe à toutes les normes. Elle avait douze ans ; lui, la quarantaine. Après six années de prison, il a changé de nom, de ville, de métier, de vie. Elle est restée « là-bas », les gens la « montrent du doigt », elle revit ce passé tous les jours.

Dans cet échange serré, se déplie peu à peu une mémoire parsemée de contradictions. Que s’est-il vraiment passé ? Disent-ils toute la vérité ? Peut-on vraiment  désigner un coupable et une victime ?

Crédibles jusqu’à la moelle, ces deux-là nous interdisent tout jugement manichéen. Un duo d’acteurs sublime de justesse pour donner vie à un texte écrit à l’encre rouge sombre, couleur des blessures restées béantes. Bien que le procès ait eu lieu, le spectateur sera seul juge le jour de la représentation et la gifle qu’il recevra ne lui donnera pas de leçon, pas même de réponse. Quoique…