Ti regalo la mia morte, Veronika

Le metteur en scène Antonio Latella nous convie à sa nouvelle création Je te donne ma mort, Veronika. S’immergeant dans l’œuvre cinématographique de Rainer Fassbinder consacrée à la représentation et à l’analyse de la femme, il évoque Veronika Voss, dernier personnage de l’auteur bavarois et quelques-unes des protagonistes grâce auxquelles il a créé une œuvre unique. Une course folle, sans garde-fou, une hallucination prolongée où il est pratiquement impossible de distinguer la réalité de la fiction. Nous entrons ainsi dans l’esprit de Veronika, star déchue sous la double emprise des analgésiques et de sa neurologue, où souvenirs et personnages échoués de sa mémoire se muent en apparitions en blanc et noir. Le noir hissé en représentant de la réalité, engloutisseur des autres couleurs, inspirant terreur et fascination. Le blanc, symbole de pureté, de deuil, teinte de l’affable morphine qui métamorphose la chape des souvenirs en duvet de sérénité réconfortante, guidant l’étoile déclassée à accepter son agonie comme seule issue libératrice. Une somptueuse traversée au cours de laquelle Veronika et les autres héroïnes fassbindériennes offrent leur propre sacrifice à leur créateur.