La tragédie que Sophocle a consacrée à Antigone – jeune fille qui défie la classe dirigeante en bravant l’interdiction émise par le roi lorsqu’elle décide d’enterrer son frère – devient pour le prestigieux philosophe slovène Slavoj Žižek l’outil de réflexion sur les actuelles relations sociales et politiques entre gouvernements et citoyens. À la manière des oeuvres didactiques de Brecht, Žižek propose trois fins possibles à la tragédie, laissant au public la liberté de décider du sort d’une Antigone contemporaine. Quand le consensus règne, le suicide qu’Antigone pose comme dernier geste symbolique demeure-t-il encore la seule dissidence authentique possible ? Face au sinistre scénario des crises de l’Euro et des réfugiés, du Brexit, de l’austérité, du renforcement des contrôles frontaliers, des constructions de barrières, de l’isolationnisme croissant et du démantèlement de l’Europe, Slavoj Žižek oppose une réponse paneuropéenne. La metteuse en scène Angela Richter et le Théâtre national croate de Zagreb encouragent le réveil d’une politique adressée à ceux qui n’ont pas droit au chapitre dans cette Europe en crise. Comment la rébellion est-elle envisageable aujourd’hui ?