Écrite en 1960 par l’Irlandais Samuel Beckett, immortalisée par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, la pièce Oh les beaux jours est un chef-d’œuvre dont la langue atteint, entre apparente simplicité et grand pouvoir d’évocation, un rare degré de perfection. Dans une étendue désertique d’herbe brûlée, Winnie, la cinquantaine coquette, est enterrée jusqu’à la taille. À ses côtés, un cabas dont les objets qu’elle extrait lui rappellent les plaisirs et les trivialités de l’existence. D’un naturel taiseux et un peu en retrait, son compagnon Willie vaque à ses occupations. Le soleil brille, Winnie chantonne. Happy days.  Mais où donc va-t-elle puiser cette capacité d’émerveillement ? Dans le trou où elle s’enfonce ? Michael Delaunoy met en scène cette œuvre tragique et tendre qui entrouvre une porte sur l’abîme abrité en chacun de nous et témoigne avec drôlerie de notre faculté à rester dignes, malgré tout. La grande actrice belge Anne-Claire donne chair aux infinies nuances de la langue de Beckett et, telle une héroïne racinienne mais teintée d’humour britannique, elle marche vers la disparition. Commence, Winnie. Commence ta journée, Winnie.