Dans cette oeuvre chorale consacrée à l’Algérie contemporaine, l’écrivaine et poétesse Sonia Chiambretto poursuit sa démarche singulière de collecte de témoignages et de documents d’archives qu’elle
malaxe dans une langue brute et musicale. Plus qu’un portrait, cette création se présente davantage comme une superposition de couches de mémoire, d’où émanent différents personnages mus par un même souffle, une même urgence de dire leurs indignations, leur révolte et leurs rêves, chacun depuis son endroit de l’histoire. Leurs trajectoires se suspendent aux lignes d’une architecture fantasmée, revue par Le Corbusier. C’est alors que le passé récent de l’Algérie se déploie par fragments, de la guerre d’indépendance (de 1954 à 1962) à aujourd’hui, en passant par la décennie noire (1990-2000). À l’opposé de tout didactisme, transparaissent une pensée en mouvement et un profond questionnement, dans lesquels le désir fou d’un avenir meilleur est ultra-sensible. Le metteur en scène Hubert Colas nous offre cette adresse poétique dans un écrin sans cesse mouvant d’images saisies sur place, extraites, reproduites, convoquant à chaque instant le concret de l’histoire au centre du plateau.