La Valse

Le 30/01/2018 Salle de la Grande Main

Raimund Hoghe {Dusseldorf}

Interprétée en scène par le pianiste belge Guy Vandromme, La Valse de Maurice Ravel désagrège son harmonie, passant des motifs enjoués aux mouvements ténébreux, pour signifier en son temps la présence dévastatrice de la guerre. Raimund Hoghe, ancien dramaturge de Pina Bausch devenu chorégraphe, y laisse surgir migrants, réfugiés et rescapés de toutes les barbaries humaines. Grandioses, les danseurs calligraphient dans l’espace le chant de leur solitude sur toutes les variations de la valse. La pièce brosse, avec autant de fragments qui doucement acquièrent de la cohérence, un tableau de l’Europe où les tragédies du siècle dernier entrent en troublante résonnance avec le nôtre. À l’affiche du festival d’Avignon 2018 avec une prochaine création, Raimund Hoghe fait pulser le passé dans les veines de la tourmente actuelle. Alors, les mouvements se parent de l’élégance du désespoir.

 

Première belge

 

LE CHORÉGRAPHE

Né à Wuppertal en Allemagne, RAIMUND HOGHE commence sa carrière en écrivant des portraits pour l’hebdomadaire Die Zeit. De 1980 à 1990, il est le dramaturge de Pina Bausch et, depuis 1989, écrit ses propres pièces de théâtre. Parmi ses créations récentes, on peut citer Songs for Takashi (2015), Musiques et mots pour Emmanuel (2016) et Lettere Amorose,1999-2017 (2017). Parallèlement à son parcours théâtral, Raimund Hoghe travaille régulièrement pour la télévision. Ses livres sont traduits en plusieurs langues et ses spectacles sont présentés à travers le monde. Il a reçu le «Deutscher Produzentenpreis für Choreografie » (2001), le « Prix de la critique française » pour Swan Lake, 4 Acts (2006), et, pour l’année 2008, les critiques du magazine Ballettanz le consacrent « Danseur de l’année ». En 2016, ARTE lui donne carte blanche dans le cadre de son programme Square Artiste, dans lequel il dresse le portrait de Marie-Thérèse Allier, directrice de La ménagerie de verre à Paris, dans un court-métrage intitulé La jeunesse est dans la tête.

 

Avec ma chorégraphie « La Valse », je souhaite poursuivre ma confrontation avec les œuvres marquantes de l’histoire de la musique et de la danse.

Après « Sacre – The Rite of Spring », « Swan Lake, 4 Acts », « Boléro Variations » et « L’Après-midi », il s’agit maintenant d’une composition pour orchestre de Maurice Ravel qui a été présentée au public pour la première fois en 1920 à Paris. Ce n’est qu’en 1928 que la chorégraphe Bronislava Nijinska a réalisé un ballet en un acte sur le thème de « La Valse ».

Dans mon interprétation, je ne souhaite pas uniquement utiliser la version pour orchestre mais aussi celle pour piano. Le pianiste belge, Guy Vandromme, sera présent pour accompagner chaque représentation.

Raimund Hoghe, janvier 2016

 

LA PRESSE EN PARLE

C’est le corps d’Aylan, enfant syrien rejeté par la mer, que Raimund incarne allongé sur le plateau tandis que La Valse, se déploie sous les doigts de Guy Vandromme au piano.

Rien de plus. Rien de moins. Quand les danseurs pénètrent sur le plateau, emmitouflés dans des couvertures, ils le contournent précautionneusement.

 

La pièce laisse surgir des fantômes. Réfugiés de tous massacres et migrants de toute espèce et de tout temps, rescapés de guerres, de violences, de camps divers et variés autant que peut l’être la cruauté humaine. Qu’en reste-t-il sinon ces ombres drapées de couvertures informes et sombres qui avancent à petits pas entre indifférence et oubli.

 

Soudain un geste s’échappe comme un souvenir lointain, et repart au rythme de la valse, ravalé comme des larmes rentrées. Et Raimund, qui a dessiné la mer à l’aide d’un petit arrosoir, nage à perdre haleine, à peine perdue, dans l’immensité d’un océan vide et froid. La valse, de son rythme imperturbable, raconte tous les méandres de l’Histoire comme un perpétuel ressac aussi entraînant que lancinant.

 

Dans la deuxième partie, la valse déploie d’autres figures, tandis que les danseurs se dévoilent en petits riens bouleversants : la ligne d’une main qui s’affaisse, une étreinte un peu distante, une lenteur un peu distraite, une silhouette qui se casse brusquement… La gestuelle de chacun est absolument magistrale, concentrée, du bout de l’orteil à la racine des cheveux. Pas la moindre démonstration, pas de lourdeur narrative, tout est suggéré plus qu’évoqué. Les rutilantes couvertures de survie se changent en traînes avec la voix de Joséphine Baker, la valse devient triste, les mouvements ont l’élégance du désespoir.

 

Les bras qui s’ouvrent ou se referment, se suspendent en l’air ou s’agrippent, calligraphient dans l’air le refrain de leur solitude. La nostalgie est partout, la mort en embuscade sur chaque visage. Le spectacle est absolument grandiose, absolument poignant, absolument juste. Raimund Hoghe, fait valser présent et passé et convoque les échos d’un monde en danger.

 

Agnès Izrine, « La Valse » de Raimund Hoghe, Danser Canal Historique, novembre 2016

Conception, chorégraphie et scénographie Raimund Hoghe

Collaboration artistique Luca Giacomo Schulte

Interprétation Marion Ballester, Ji Hye Chung, Emmanuel Eggermont, Raimund Hoghe, Luca Giacomo Schulte, Takashi Ueno, et l’artiste invitée Ornella Balestra

Piano Guy Vandromme

Lumières Raimund Hoghe, Amaury Seval

Son Nicolás Kretz

Photographie Rosa Frank

Administration, production Mathieu Hillereau, Les Indépendances

Production Raimund Hoghe — Hoghe & Schulte GbR / Düsseldorf

Subventionné par Ministerium für Familie, Kinder, Jugend, Kultur und Sport des Landes Nordrhein-Westfalen, Kunststiftung NRW, Kulturamt der Landeshauptstadt Düsseldorf, Fonds Transfabrik – Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant.

Avec le soutien du Teatro Municipal do Porto, le Centre national de danse contemporaine d’Angers, La ménagerie de verre de Paris dans le cadre de Studiolab, et tanzhaus nrw de Düsseldorf. Remerciements particuliers à agnès b. Paris.

 

Dans le cadre de Tour de Dance, en partenariat avec le Concertgebouw de Bruges qui présente le spectacle le 2/02/2018.