AlreadyNotYet

Le 14/06/2016 Salle de la Grande Main

Aesoon Ahn / Korea National Contemporary Dance Company

Depuis la nuit des temps, et jusqu’à aujourd’hui, le passage par les limbes interpelle les Coréens. Au Pays du matin calme, le voyage vers l’éternité est promesse d’apaisement mais aussi, paradoxalement, de dynamisme. La chorégraphe Aesoon Ahn, personnalité incontournable de la scène coréenne, revisite ce motif ancestral à travers un langage chorégraphique résolument contemporain.

AlreadyNotYet commence par une évocation des mannequins kokdu, décorations pour cercueils traditionnels, qui établissent le lien entre les vivants et les morts. Les kokdu protègent, guident et divertissent le défunt. Il faut le savoir pour entrevoir derrière la sobriété de l’interprétation des éléments d’une tradition ancestrale.

Libérés de tout folklore, les jeunes et vigoureux danseurs de la compagnie nationale sont également d’émouvants comédiens aux présences fragiles. Entre tableaux spectaculaires et ambiances intimistes, le spectacle évoque notre relation à la mort et la réalité vécue par la jeunesse coréenne. La musique, spécialement composée pour l’occasion, revisite avec beaucoup d’originalité la tradition coréenne.

Ayant créé sa propre compagnie de danse en 1985, Aesoon Ahn dirigea la programmation danse du Seoul Performing Arts Festival, avant d’être nommée à la direction de la Korea National Contemporary Dance Company. AlreadyNotYet est une création d’envergure qui relance la KNCDC sur des pistes plus internationales. La chorégraphe a fait appel aux talents d’Éric Wurtz, créateur lumières de Philippe Genty, Mathilde Monnier ou Philippe Decouflé. Au-delà du plateau, il éclaire ici le sens. Aussi cette fresque contemporaine ouvrira-t-elle non pas une, mais plusieurs fenêtres sur l’Asie. / Thomas Hahn

La danse coréenne d’aujourd’hui reste surprenante par la façon dont elle accueille tout à la fois des éléments traditionnels et contemporains. Chez elle, l’attachement aux coutumes et la modernité la plus radicale semblent moins s’opposer que coexister, se mixer sans tension apparente pour laisser toutes ses chances à l’invention chorégraphique. Pour la danse coréenne, l’innovation ne coïncide pas forcément avec la négation du passé. Cette attitude permet au paysage chorégraphique coréen de laisser émerger un formidable renouvellement d’idées et de formes scéniques